• Irradiés.
    Pulvérisés.
    Cloués.
    Vissés.
    Nous sommes. Ils étaient.
    Je ne sais pas par où commencer, ni par quoi prendre cette chose, qui s'est installée dans ma gorge et mon ventre depuis vendredi.
    Ma tête,  me dit de tenir, de me tenir.
    Moi qui suis une vieille punk débile, me tenir n'a jamais fait parti de mon vocabulaire.
    Mais il faut.
    Tenir, car tenir aux autres, à ceux et celles,  là.
    Je suis dans un bar après avoir passé un moment avec une de mes élèves ( la seule en vérité,  les autres se sont barrés), un de mes amis, un moment avec ma psy, ( faut ce qui faut) et un moment avec moi.
    Et puis être dans un bar, trainer, c'est la seule chose que j'ai envie de faire moi.
    C'est le seul putain de gros fuck qu'on puisse leur faire aux névrosés de l'explosif.
    Il y a plein de choses que je voudrais dire.
    J'étais triste en janvier, là je suis triste version triste / ta mère/  mon pote est mort.
    J'suis triste : grave triste.
    Mais je vais pas parler politique pour une fois. Non.
    J'vais parler de toi.
    Je t'ai connu par En attendant Betty, ton profil my space.
    C'était beau, intelligent pas prétentieux. Je trouvais ça très cinématographique et on s'est parlé. C'était y a longtemps genre huit ans.... Au moins....
    A force de se parler tu m'as demandé qu'on se voit. Au moins nos bobines par photos. Et puis après on s'est vus sur skype.
    Et moi comme tu l'a su très vite les gens beaux,  au propre comme au figuré, ça me plait.
    En gros j't'ai fait croire que j'aimais ce que tu faisais mais ta ganache m’intéressait plus. Tu l'avais bien compris.
    Tu t'ai mis à parler, et putain ça,  tu savais faire : c'est comme ça que t'es devenu mon premier et seul ami virtuel.
    On s'est parlé durant des années de nos vies, de l'amour, la folie, des meufs,  etc.
    Car oui t'étais un de mes rares potes avec qui j'échangeais sur mon regard sur les filles, et sur certaines de mes relations avec des meufs.
    Bref t'étais un pote quoi!
    On s'est échangés nos tafs.
    On s'est fait confiance à des moments pour se dire,  c'est de la merde et c'est pas terrible ou ça déchire tout.
    Bref, une amitié à distance mais intense, pas tous les quatre matins, mais là.
    Quand j'me suis fait larguée comme une merde tu étais là tous les week- end sur Skype a me parler, a travailler avec moi, a m'aider a accoucher de textes et de projets.
    Tu étais drôle.
    Tu étais beau.
    Un jour on s'est rencontrés en vrai.
    Et dans Paris, que je connais pour y avoir vécu un peu, spontanément on avait dans l'idée le même bar pour se retrouver à Pigalle.
    Ce jour là, on s'est dit qu"on allait rebosser ensemble, et malgré ta mauvaise expérience dans le cinoche, a cause de moi, tu as dis "ben oui avec toi ok, y a jamais eu de soucis, j'ai des trucs a te faire écouter."
    Juste on repartirait sur des bases différentes de travail afin que tu sois payé.
    Je t'avais parlé de mon nouveau projet, t'avais dit pourquoi pas...
    Les morceaux que tu m'avais envoyés il y a quelque temps déjà pouvait être utiles  pour mon film et j'allais t'appeler.
    Et puis on appelle pas. Pas tout de suite.
    La semaine dernière j'voulais t'envoyer mon mail débile sur ma fête d'annif et puis j'me suis dit, non.
    Pourquoi?
    J'en sais rien.
    Pas plus que j'sais quelque chose de là, de ce moment, de ta vie récente.
    J'ai regardé depuis quand on s'était pas parlé, ça date de mon séjour à l'hosto et c'était en septembre.
    Le 13 exactement. `
    Ça s'invente pas.
    Deux mois, pile.
    Le temps passe à une vitesse putain.
    J'ai appris des tas de choses sur toi depuis que tu es plus là, putain.
    ( Oui j'dis putain tu sais ca t'faisait marrer qu'j'parle comme un chartier ).
    J'suis pas étonnée.
    Cet été quand j'ai déboulé à Paris t'étais pas là et puis on s'est dit : pour une prochaine.
    Prochaine y aura pas donc.
    Des dingos de la kalach en ont décidé autrement.
    Des gros cons ignares ont décidé que d'écouter du rock, de regarder les meufs et de se faire plaisir c'était pas conforme à la vie.
    La vie ils aimaient pas ça, ils vous ont fait payer à toi et tous les autres qui étaient là, ce soir là, de l'aimer vachement.
    Ils ont décidé que la vie qu'on aime au son des riff de grattes et des futs de bières c'était mal, et que ça se mate à coup de grand n'importe quoi.
    T'étais pas politique, moi qui le suis de trop parfois et qui t'aies assez fait chier avec ça.
    T'es tombé sous les balles de vénères aux cerveaux pas finis, pas commencés, pas fréquentables.
    Des fachos qui ont décidé que le rock, les mini jupes et la bière c'était mal, sans trop savoir pourquoi au juste. Simplement parce qu'on leur a foutu dans le merdier qui leur servait de matière grise.
    Mais j'veux pas parler d'eux.
    C'est encore leur faire trop d'honneur...
    J'ai réécouté tes morceaux hier... Ça ma fait triste et ça ma fait bien. J'étais pas seule aussi,  ça aide.
    C'est tellement beau. Malgré tes indications peu assurées :
    "au cas où, ce morceau ou une partie (genre sans l'intro par ex..) collerait à une sceneevidemment, faut l'enregistrer avec du bon matos, là c est degueulasse niveau son mais t'as l'idée".....
    J'ai même réussi a écouter ta voix glissée dans un texte pathétique de mon cru, que tu avais réussi à rendre cohérent pour en faire une voix off que je n'ai finalement jamais utilisée, peut-être ça t'avais fais de la peine. 
    Nous avions tellement rit en faisant ce truc,  toi à Paris moi ici à Bruxelles. Tu finissais par m'envoyer tes essais voix avec des mails aux objets ultra drôles.
    Drôle, décalé, cynique et jamais méchant .
    Tu mettais de l'humour dans un truc ultra pathétique, ça dédramatisait tout. 
    Vu ce que j'ai lu sur toi, c'était toi quoi.
    Je cherche encore ce que j'ai a dire sur toi.
    Tu me manques car pour moi on était partis de toute façon pour se faire des musiques,  des blagues, des textes et des machins pour la vie bordel .
    Je dois lutter entre mon cerveau raisonnable, ou soit disant raisonnable, qui dit qu'il est contre la peine de mort, contre le fait d'aller dézinguer tous les connards anti rock et mini jupes de la terre et la résonance de mon amertume.
    Je lutte pas vraiment en fait, c'est vrai.
    Juste putain, savoir à l'avance que tu seras plus là, est une douleur indicible.
    Et celle- ci rejoint celle de ceux qui t'ont aimé et t'aiment encore.
    Alors ce soir, il y a une seule chose dont je suis sure,  je ne flancherai pas :
    je ne crierai pas au meurtre, à la guerre, au coup pour coup.
    Je continuerai ce que je fais de mieux  et ce qui avait fait qu'un jour lointain tu as eu envie de me parler :
    boire des verres, écrire, danser, fumer, baiser, embrasser ceux et celles que j'aime et chaque fois il y aura une pensée pour toi dans le merdier qui est censé me servir de vie.
    En attendant que tu me donnes un conseil.
    En attendant qu'une blague sorte de ce bourbier.
    En attendant qu'un bon mot vienne.
    Pour le coup, je finirais ce texte qui ne ressemble a rien avec une citation qui t'aurais fait marrer  :
    parce qu'ils ont oublié ça,  ceux qui t'ont tué : un peu de justice et d'humour pour dominer le monde et nous seront tous sauvés... En attendant.
    Je t'embrasse fort mon Chris.

    "Mais tu dis (Mais tu dis)
    Que le bonheur est irréductible
    Et je dis (Et il dit)
    Que ton espoir n'est pas si désespéré
    À condition d'analyser
    Que l'absolu ne doit pas être annihilé
    Par l'illusoire précarité de nos amours
    Destituées
    Et Vice Et Versa (Et Vice Et Versa)"
    Les Inconnus.

     
     
     
     
     
     
     
     
     

     

     
     
     

     
     
     
     
                     
       
     

     


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires