•  

    Je suis atterrée.

    Purée que j'ai aimé cet homme, que j'ai aimé ses films, ses propos, ses positionnements. Purée que je suis déçue et oui donc atterrée. La vie d'Adèle est donc le film de Kéchiche raté de chez raté. Son pied dans le tapis de la bobohitude bien pensante. Je suis atterrée parce que c'est pas très grave de rater un film, surtout quand on en fait des grands, des beaux, des bouleversants. C'est très grave selon moi lorsque les raisons de ce ratage sont liées au fait de s'être approprier, emparer de quelque chose que l'on ne connait pas.

    Depuis que je suis sortie de cette salle de cinéma il y a une chose qui me reste en tête et qui est assez lancinante : on est vraiment dans la merde. 

    Les mots ne sortent d'ailleurs pas très bien pour exprimer mon dégoût.  Parce qu'en visionnant ce film je me suis pris dans la gueule durant 3 heures 2000 ans de patriarcat étriqué, filmé façon Dardenne parce que ça fait branché. Y a un énorme problème quand même avec ce film c'est que tout le monde a cru que ce qui était choquant c'était ces fameuses scène de sexe lesbien. Ben oui en fait c'est excessivement choquant. Pas parce que c'est du cul filmé version "crue". Non parce qu'un type qui a un cerveau des idées, parce que des actrices qui a priori sont pas complètement à côté de la plaque ne se sont jamais a aucun moment posé la question essentielle : en fait on est hétéros on ferait peut etre bien de vérifier auprès des premières concernées si ce qu'on est en train de jouer est réaliste. Et vérifier ne voulait pas dire regarder des porns lesbiens....

    Les scènes sont une caricature de la vision masculine de la sexualité des lesbiennes.

    Je ne m’étendrais pas ( sans mauvais jeu de mots) sur en plus le dualisme créé entre les prolos et les bobos intellos, transcendé par des scènes de bouffe qui montrent les prolos manger comme des porcs ( car oui le prol mange mal c'est assez connu ) télévision en fond sonore, qui bien sûr ne savent pas que leur fille est homo parce que c'est connu le prol est obtu ! Contrairement aux parents bourgeois qui mangent finement des huitres arrosées de vin blanc fameux en discourant joyeusement et ouvertement parce que c'est aussi connu le bourgeois et non seulement cultivé mais il surtout caractérisé par son ouverture d'esprit. ( au secours). Sans compter que ce film soit d'une homophobie crasse (le discours de fin bien pensant où la guérison du chagrin d'amour par l'hétérosexualité) il est  d'un ennui mortel. 

    Donc je vais assumer complètement ce qui suit : ce film est un objet bourgeois, étriqué et machiste.  

    Lisez le Bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh, la bande dessinée qui a "inspiré" le film : 

    vous gagnerez une heure au lieu d'en perdre trois.

    http://www.juliemaroh.com/

    "Il me semble clair que c’est ce qu’il manquait sur le plateau: des lesbiennes.Je ne connais pas les sources d’information du réalisateur et des actrices (qui jusqu’à preuve du contraire sont tous hétéros), et je n’ai pas été consultée en amont. Peut-être y’a t’il eu quelqu’un pour leur mimer grossièrement avec les mains les positions possibles, et/ou pour leur visionner un porn dit lesbien (malheureusement il est rarement à l’attention des lesbiennes). Parce que – excepté quelques passages – c’est ce que ça m’évoque: un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn, et qui m’a mise très mal à l’aise. Surtout quand, au milieu d’une salle de cinéma, tout le monde pouffe de rire. Les hérétonormé-e-s parce qu’ils/elles ne comprennent pas et trouvent la scène ridicule. Les homos et autres transidentités parce que ça n’est pas crédible et qu’ils/elles trouvent tout autant la scène ridicule.  Et parmi les seuls qu’on n’entend pas rire il y a les éventuels mecs qui sont trop occupés à se rincer l’œil devant l’incarnation de l’un de leurs fantasmes."Julie Maroh


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires