• Quentin Unchained

    Quentin Unchained

    Prenez le cousin de Peter Jackson, période Bad Taste, mélangez-le à un  John Ford sous speed, vous obtenez le dernier Tarantino...

    Tarantino ne fait pas qu'un superbe western spag de 3 heures, il ne fait pas qu'un bel hommage à cet univers emblématique du ciné Ricain. Non! Je dis mieux! 

    Je tiens à préciser ici que je ne suis pas une fan aveuglée d'amour pour le cinoche de Tarantino, je suis le gars depuis Reservoir Dogs, parce que grosse baffe tant dans la maitrise formelle que dans le propos. Parfois il me perd tout à fait - Jackie Brown, Inglorious Basterds -  mais en tout cas il ne m'ennuie jamais. 

    Ici à mon sens il a signé son meilleur film. C’est juste osons ! Un putain de chef-d’œuvre. 

    Alors oui mais pourquoi?

    Parce que l'écriture scénaristique et dialoguiste : 

    Le scénario qui nous rappelle que Quentin c'est un peu le mec, le cousin par exemple,  que tu serais content d'avoir près de toi dans les réus de famille quand ça commence à défourailler sévère sur la légitimité ou pas des étrangers d'être sur le sol Européen, les supposés voleurs de pain, de travail, de femmes.  Les jeux d'esprit, les positionnements politiques assumés - trop rares de ce côté-ci de la lorgnette version grand public-  les dialogues sont jubilatoires. Special dedi évidemment à la scène où est développée l’hypothèse des "origines" de ce qui deviendra le KKK . C'est hilarant et serait probablement juste pathétique chez n'importe qui d'autre.   

    Des dialogues donc qui permettent aux acteurs de se jeter dans leur texte à corps perdu et d'être réellement, d'incarner dirait l'autre.

     Jamie Fox est sous nos yeux Django, il évolue, dans ses postures, sa manière de parler et ce n'est pas l'acteur qui fait évoluer le personnage mais bien le personnage qui pousse l'acteur hors de lui et des frontières de la conscience du jeu. On observe rarement ce prodige chez un acteur.

    Encore moins chez tous les acteurs principaux. C'est émouvant comme le sont les choses rares donc précieuses.

    Parce que la réalisation.  On est près des corps enchainés, des visages mais nous évite les champs - contre champ Sergio Léonesque, il est plus subtil que cela.  Une caméra portée épaule,  une utilisation du trans trav un peu trop appuyée parfois mais  néanmoins des travellings  intelligemment pensés. 

    Des panoramiques d'une beauté à couper le souffle.  

    On dit vive la pelloche ! 

    Et puis l'utilisation de la lumière : les clairs obscurs, les panoramiques, soleil couchant/levant, le jeu des ombres. Les référentiels évidemment. J'ai vu la prisonnière du désert, je suis passée par Rio Bravo, on a traversé La rivière rouge. 

    Il y a un rapport classique au symbolisme, lorsque la roulotte du dentiste (génial Christoph Waltz), passe devant les esclaves enchainés les uns derrière les autres, les planches de la roulotte laissent entrer des raies de lumière créant sur leurs corps des barreaux. 

    La lumière encore lorsque Monsieur Candy (Léo di Caprio) parle à Django lors de leur première rencontre, l'image est coupée en deux, Django est dans l'ombre, son profil se dessine sur les arabesques de la tapisserie, tandis que Monsieur Candy est en pleine lumière, profil hyper découpé. Ici les codes fonctionnels sont inversés, l'ombre est l'univers du héros, du "gentil», celui qu'on soutient, la clarté sert la classe sociale dirigeante, les esclavagistes qui se pensent servis par la grâce divine. 

    Pour ma part je n'ai pas trouvé le film particulièrement violent,  plus exactement les scènes de violence se justifient totalement donc elles ne dérangent pas. 

    Les fusillades sont filmées de la manière la plus anti-glamour Hollywoodienne qui soit. Les corps se roulent par terre, se tordent de douleur, les hommes crient, entrailles ouvertes, têtes explosées, le sang recouvre bientôt les murs.  Oui mais ce déferlement d'hémoglobine est plutôt honnête. Après tout c'est Hollywood qui a tenté de nous faire croire qu'exploser la tête de quelqu'un à coups de revolver ne tachait pas la tapisserie et se devait d'être esthétique.  

    Enfin si Tarantino se fout de la véracité du propos c'est pour enfoncer le clou et faire de son film une vision personnelle de l'exploitation de l'homme par l'homme. 

     

    Une vision que l'on aimerait universelle d'un monde malade qui perdure encore et toujours. 

    « Un jour de trop à HollywoodLandDe qui Marcela Iacub est-elle le nom? »

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  • Commentaires

    1
    LN
    Vendredi 15 Mars 2013 à 15:49

    J'aimerais ajouter que la bière que se sert directement au comptoir l'Allemand, est le moment le plus assoifant jamais vécu au cinéma! Mais comment fait-il? Par contre, honte à moi, j'avais pas vu l'ombre des lattes de bois dessiner des barreaux sur les corps! Vivement un second visionage pour apprécier encore mieux ce chef-d'oeuvre jouissif.

     

    2
    AnToine F.
    Vendredi 15 Mars 2013 à 16:22

    Je confirme, c'était un supplice de ne pas avoir de fût à portée de main...

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