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    Cabu est mort et avec lui mon enfance, la raison pour laquelle j'avais le droit de regarder le club Dorothée, Cabu, mon Cabu, notre Cabu, notre enfance, putain mais les cons!

    Wolinski est mort et je repense à cette source inépuisable d'engueulades interminables de mon adolescence féministe, peut-on aimer Wolinski quand on est une fille, j'ai trouvé la réponse plus tard et c'était oui....Evidemment oui...Putain de bordel de merde, les cons, les cons.

    Comme beaucoup d'entre nous je ne lisais plus Charlie depuis de nombreuses années, il n'empêche : les cons, les cons, les cons...

    Ils ont tué des mecs issus de la culture soixante-huitarde, des libertaires pas toujours très fins, des anars turbulents qui hallucineraient pas mal sûr les débats et la grande farandole de la démagogie organisée aujourd'hui.

    Ils ont tué l'avenir de mecs et de meufs de vingt, trente ans et plus qui espéraient dans une France où être arabe, noir et/ou musulman  nécessitait déjà une endurance hors normes aux petites et grandes humiliations.

    Ils ont ouvert la porte à tous les possibles sécuritaires, aux fantasmes et aux opportunismes politicards de tous bords.

    Les cons, les cons, les cons....

    Comme une bande de charognards affamés, il ne fallut que quelques heures à peine à Marine, à Hollande en passant par Poutine et Merkel pour foncer sur les dépouilles à peine refroidies des 12 victimes. A grands coups de "Vive la nation !" et d'identification limite populiste, la France, le monde découvrait que nous étions tous et toutes Charlie.

    ( Je crois qu'un slogan ne m'a pas gonflée autant depuis "Nous sommes tous des enfants d'immigrés".)

    Et puis il y en eut une autre, de victime.

    Et encore d'autres, des otages, 4 si ma mémoire ne flanche.

    En lieu et place d'un procès  on la fit version Merah et Human Bomb et ce fut au tour des 3 débiles de se faire trouer la peau ce vendredi soir. Le ballet des vautours vit son vol gonfler d'autres rapaces et survola la légitimité du crime d'état sans que personne ne vienne sourciller....  

    Oui je le dis, j'aurais aimé qu'on les juge, qu'on les foute en taule ( même si la taule c'est beurk, mais c'est pas le débat) et qu'on les éduque à coup de HaraKiri et de Charlie Hebdo pendant trente ans.... Oui je sais je suis une utopiste de merde. 

    Les cons, les cons, les cons.....

    Je suis triste et je n'irais pas marcher.

    Ce n'est pas marcher, c'est ramper derrière Hollande, Merkel, Porochenko, Michel.... C'est une blague.  Une blague au goût de récupération bien deg. J'ai rien à voir avec ces gens-là, moi. Je les emmerde.

    Je ne marcherais pas : cette marche les tuent une deuxième fois.

    J'emmerde l'ONU et l'OTAN,  j'emmerde la république et ses mascarades, j'emmerde le drapeau Français qui totalise tant de morts liés aux colonies,  j'emmerde ces salauds qui viennent en bons donneurs de leçons nous apprendre le sens de la marche, la cadence à laquelle on doit penser, respirer, consommer alors que leur but c'est le profit en core le profit toujours le profit.

    Je ne marcherais pas, ce n'est pas marcher, c'est piétiner ce qu'ils aimaient - je parle des caricaturistes parce que les autres messieurs- dames j'vous connaissais pas, mais j'imagine qu'elle doit être un peu duraille à avaler pour vous aussi celle-là!

    Je ne marcherais pas, je vais faire ma grosse feignasse je vais rester au chaud et je vous emmerde les bien-pensants.... Parce que vous qui allez marcher aujourd'hui c'est pas tous les jours qu'on vous voit manifester votre mécontentement. 

    Je refuse de laisser récupérer ce que je suis par tout ce que je déteste le plus à savoir la malhonnêteté intellectuelle.  

    Je ne marcherais pas car  ce qui c'est passé est le fruit d'une politique sclérosante, stigmatisante,  désirant oublier ce que fut la France coloniale à grands coups de manchettes hebdomadaires sur l'échec de l'intégration.

    Je ne marcherais !   Je ne marcherais pas ! Je ne marcherais pas !

    Je ne marcherais pas car la France et l'Europe ont la mémoire courte, trop courte et cette phrase de Didier Daninckx tourne en boucle dans ma tête : ceux qui oublient le passé nous condamnent à le revivre.

    Je ne marcherais pas car je crois que le plus bel hommage qu'on puisse leur rendre aujourd'hui c'est de rester debout.... Juste debout.

    Enfin je ne marcherais pas car ce que cette marche collective et internationale nous prépare me fait penser à cette phrase de Charb : le problème ce n'est pas que les belles choses aient une fin, c'est que les pires aient un début.


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